Tipaza

Tipasa de Maurétanie à 70 km à l’ouest d’Alger, au milieu de la ville côtière de Tipaza, se trouvent les ruines d’une ville romaine. Le site archéologique a été classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 2002 en décrivant le site comme  » l’un des plus extraordinaires complexes archéologiques du Maghreb  » reflétant de manière très significative les contacts entre les berbères et les vagues de colonisation punique et romaine entre le vie siècle av. J.-C. et le vie siècle de notre ère.

Étymologie

Sur un promontoire, à l’abri du mont Chenoua, les Phéniciens fondent un comptoir vers le vie siècle av. J.-C.; c’est de cette origine que la ville tire son nom qui signifie passage ou escale , les arabes l’appelait Tefassed qui signifie détérioré, les français l’ont appelé Tipaza. Pour d’autres sources, Tipasa serait la déformation du mot berbère Tafsa, qui signifie grès ou pierre calcaire, toujours en usage dans beaucoup de régions du Maghreb. Le nom de ce lieu-dit, dans la langue des premiers habitants de cette région (Imazighens qui s’appellent eux-mêmes « Leqbayel » puisque ce qu’on appelle aujourd’hui la Kabylie, s’étendait originellement de la région du Chenwa, à l’ouest d’Alger, jusqu’à Collo à l’est), c’était Tifezza qui est le pluriel du mot « Tafezza » qui signifie en français : grès désagrégés (donc sablonneux). Et aujourd’hui, lorsqu’on longe la cote, au niveau de Tipaza (et non Tipasa!), on voit ces grès désagrégés (TIFEZZA).

Époque punique

Le comptoir a été choisi comme un point de relâche entre Icosium (Alger) et Caesarea (Cherchel) offrant un refuge pour les navigateurs sur leur route vers les Colonnes d’Hercule (Gibraltar), le comptoir se développe et devient vers le iie siècle av. J.-C. une véritable cité punique inféodée à Carthage, avec présence de stèles représentant des symboles phéniciens tel que le Signe dit de Tanit4et des pièces de monnaies typiques de Carthage représentant le cheval et le palmier attestant de l’influence punique sur la ville en plus du mobilier funéraire retrouvé dans les différentes nécropoles puniques atteste de l’importance de cette ville, des nécropoles considérées par l’UNESCO comme l’une des plus anciennes et des plus étendues du monde punique.

Époque numide

À part des pièces de Céramiques campaniennes, des lampes hellénistiques et des pièces de monnaies représentant Massinissa, Juba II et Ptolémée6, aucun monument datable de cette époque n’a pu être retrouvé par les archéologues, très probablement en raison des remaniements architecturaux de l’époque romaine. Toutefois et étant sur l’axe routier est-ouest de la Maurétanie, la ville ne pouvait échapper aux rivalités berbères sur ces territoires entre les rois numides Syphax, Massinissa, Bocchus 1er, Juba 1er et Bocchus II. Cependant la ville connaît un certain essor sous le roi Juba II et devient avec sa capitale Caesaria (Césarée) situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest, l’un des foyers de la culture gréco-romaine et un centre de transit et de négoce actif.

En 40 ap. JC, Ptolémée, fils de Juba II fu exécuté par Caligula et la Maurétanie passe définitivement sous administration romaine directe.

Époque romaine

Sous le règne de l’empereur romain Claude Ier entre 41 à 54 apr. J.-C. la Maurétanie fut divisée en deux provinces : la Maurétanie Césarienne qui tire son nom de sa capitale Césarée (actuelle Cherchell) sur un territoire correspondant au centre et à l’ouest de l’actuelle Algérie, et la Maurétanie Tingitane avec Tingis (actuelle Tanger) comme capitale, sur un territoire correspondant au nord de l’actuel Maroc.

En l’an 46, Tipasa prend le statut de municipe de droit latin (Jus Latinus). Initialement, la ville se situé sur la colline à l’emplacement actuel du phare dominant le vieux port et comporte des maisons, le forum, la basilique judiciaire et le capitole, l’ensemble délimité par une enceinte. La ville s’étend ensuite sur la plaine ainsi que sur les collines est et ouest avec de nombreux édifices publics et privés telle la villa aux fresques, le tout est entouré d’une enceinte plus grande d’environ 2 200 mètres, Tipasa fut ainsi élevé au rang de colonie romaine : colonia Aelia Tipasensis. La cité reçoit toutes les prérogatives de la citoyenneté romaine et à la fin du iie siècle. La ville connaît son apogée à l’époque des derniers Antonins et des Sévères avec une population qui s’élève, selon les estimations « avec réserve » de Stéphane Gsell, à 20 000 habitants appelés Tipasitani ou Tipasenses.

Époque paléochrétienne

Dans la première moitié du IIIe siècle, le christianisme y fait son apparition. L’épitaphe de Rasinia Secunda dont le décès est daté au 17 octobre 237 est la plus ancienne inscription chrétienne datée d’Afrique (238).

Du iiie au ive siècle, le christianisme a connu un véritable essor, comme en témoigne la multitude d’édifices religieux à savoir la grande basilique considérée parmi l’une des plus grandes d’Afrique antique, la basilique de l’évêque Alexandre, la basilique de sainte Salsa, ainsi que la multitude de nécropoles développées autour des lieux sacrés.

Au milieu du ive siècle, Tipasa subit comme beaucoup de cités d’Afrique du Nord, les affres du schisme donatiste. Cette période a été marquée entre 371 et 372 par la révolte de Firmus soutenue par nombreuses tribus indigènes, des pillards ainsi que les donatistes pleins de haine religieuse, contre l’Empire romain au temps de Valentinien Ier. Contrairement à Icosium et Caesarea prises d’assaut et prise par Firmus, Tipasa a pu résister à cette invasion ce qui accroît vraisemblablement la prospérité de la ville pour quelques années encore.

Photos :

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Autres photos

Tipaza sur carte MAP

Sources

Source photo reconstitution : jeanclaudegolvin.com
Texte : Wikipedia