Zana (Diana Veteranorum)

Ville romaine de Numidie située à 90 km au sud-ouest de Constantine qui a conservé son nom au prix d’un léger glissement phonétique de D à Z à l’initiale. Ptolémée fait connaître une ville nommée Zana qui pourrait bien s’identifier à Diana et confirmerait l’hésitation entre ces deux sons chez les Africains de l’Antiquité ; les exemples ne manquent pas : Madices/Mazices, Diaconus/Ziaconus.

L’agglomération fut d’abord une simple civitas fondée par des vétérans de la IIIe Légion Augusta, vraisemblablement sous les Flaviens, en relation avec la construction, à Lambèse, du camp de Titus. La ville était déjà un municipe en 149 (A.E., 1930, n° 40). Il semble qu’elle ait accédé à cette condition sous Trajan (97-117) car ses citoyens sont inscrits dans la tribu Papiria qui est celle de cet empereur. De nombreuses inscriptions mentionnent des magistratures et des sacerdoces divers : duumvir, édile, questeur, flamine, pontife, augure qui témoignent de la profondeur de la romanisation.

Les ruines de Diana ont livré une importante dédicace donnant le cursus honorum complet de M. Valerius Maximus qui fut légat de la IIIe Légion sous Commode après avoir participé, sur le Danube, aux guerres sarmates de Marc-Aurèle.

Le christianisme, qui a laissé tant d’édifices dans la Numidie centrale, semble avoir été implanté plus modestement à Diana Veteranorum qu’ailleurs. On ne connaît qu’un seul évêque de cette localité : Fidentius, donatiste sans compétiteur catholique, au Concile de Carfhage de 411. Encore n’est-on pas totalement assuré qu’il s’agisse bien de Diana veteranorum. S. Lancel, qui opte en faveur de cette attribution, signale toutefois l’existence d’une cité du même nom située, d’après l’Itinéraire d’Antonin, (21, 1) entre Hippo Regius (Annaba) et Tuniza (La Calle) et qui pourrait être la même cité que la Table de Peutinger (IV, 3) nomme Odiana et El Békri (p. 116), Zana. Il existait aussi en Maurétanie sitifienne un Castellum Dianense. La Prosopographie chrétienne du Bas-Empire se prononce sans hésitation en faveur de Diana veteranorum sans mentionner les autres Diana. Il est vrai que l’absence d’un compétiteur catholique s’explique mieux dans ce bastion donatiste qu’était la Numidie centrale que dans le voisinage d’Hippone. En 411, Diana ne possédait, semble-t-il, qu’une seule église dont on n’a pas retrouvé les traces. La seule basilique reconnue fut construite plus tard, à l’époque byzantine.

Les ruines de Diana couvrent une vaste surface et certains monuments ont encore une belle allure. On reconnaît dans le quartier sud-est un grand temple consacré, peut-être à Diane, mais le plus imposant est l’arc à trois portes qui date du règne de Macrin (213). Un autre arc, construit en 165, s’élevait à proximité du forum, vaste place dallée sur laquelle fut élevée l’église byzantine. Une croix monogrammatique en bas-relief incite à dater sa construction de la deuxième moitié du règne de Justinien au plus tôt. J. Christern voulait voir en ce bâtiment, long de 33 m sur une largeur de 17 m, un « monument à auges », c’est-à-dire une hostellerie avec écurie. N. Duval s’éleva, avec raison, contre cette opinion.

6Les ruines les plus apparentes sont, comme l’église, d’époque byzantine. La plus imposante est la forteresse qui s’élève à l’est du forum. C’est un bâtiment de plan très simple, un rectangle de 61 m de long et de 53 m de large muni d’une tour carrée saillante à chaque angle. La statue d’un lion trouvée à proximité pouvait en provenir à moins qu’elle n’ait appartenu à la décoration de l’un des imposants mausolées du voisinage. A la même époque ou plus tard, l’arc de Macrin servit d’appui à un fortin dont la face principale se confond avec ce monument. Les deux baies latérales de l’arc avaient été bouchées et la porte principale retrécie. Ce fortin mesurait 20,50 m sur 16,80 m.

Diana resta un centre urbain d’une certaine importance, sans doute en raison de la mise en valeur de son territoire aujourd’hui parsemé de ruines de fermes et d’huileries. La ville survécut jusqu’au haut Moyen Age ; il restait quelque souvenir de l’important nœud routier qu’elle avait été à l’époque romaine, lorsque des voies régulièrement entretenues la mettaient en relation avec trois capitales de province : Cirta, Lambèse et Sitifis.

Zana (Diana Veteranorum) sur carte MAP

Sources

Source photos : konkistador.over-blog.com et CNRA
Source texte : Openedition - Encyclopedie berbere