La reine Dihia (El Kahina)

Dihya, aussi connue sous le nom de Kahina ou Kahena, est une reine guerrière berbère qui a combattu les Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb au viie siècle. Elle meurt au combat, dans les Aurès, en 703.

Selon Zineb Ali-Benali, historienne et professeure des universités, Dihya a réussi, en son temps, à unifier le Maghreb, tout en insistant sur ses qualités de chef-militaire, qui se rallie les populations de la région, elle indique que cette reine berbère figure « parmi les rares femmes au parcours politique aussi exceptionnel ».

De nombreuses romancières et essayistes féministes se sont approprié la figure de la Kahina pour sa charge symbolique, la décrivant comme l’une des premières féministes de l’Histoire.

Les mouvements berbéristes la considère comme une icône de l’amazighité, elle serait la fille de Tabet, le chef de la tribu des Djerawa. Elle est également une figure historique et identitaire majeure des Aurès, ainsi que des Berbères.

Étymologie

Son nom personnel est l’une de ces variations : Daya, Dehiya, Dihya, Dahya ou Damya (il est difficile de distinguer ces variantes à cause de l’orthographe arabe). Les sources arabes la nomment al-Kāhina (signifiant « la prophétesse » , « la devineresse »), surnom donné par ses adversaires musulmans, en raison de sa capacité à prévoir l’avenir.

Les écrivains de langue arabe du Moyen Âge utilisent le nom de Dihya, et le surnom de Kahina, à l’exemple d’Ibn Khaldoun. La plupart des écrits historiques ou littéraires qui la mentionnent, la désignent par le surnom de Kahena ou Kahina.

M’hamed Hassine Fantar quant à lui, a avancé que le nom de Kahina serait d’origine punique (Kahena = khn, Kohenet en punique, c’est-à-dire prêtresse).

Contexte

Dans un contexte général de guerres arabo-byzantines, la conquête de l’Afrique du Nord est décidée par le chef de la dynastie omeyyade, Muawiya Ier, premier calife omeyyade soufyanide, et continuée par son fils, le second calife omeyyade, Yazīd Ier. Oqba Ibn Nafi est le général arabe désigné pour conquérir le Maghreb et y propager l’islam. Il gouverne l’Ifriqiya de 663 à 675, puis de 682 à sa mort. Vers 670, il crée le poste militaire de Kairouan, dans le but d’en faire un point d’appui dans sa campagne de conquête du Maghreb.

Cette conquête se heurte à la résistance des populations locales et des puissances installées : l’Empire byzantin, implanté essentiellement sur les côtes et en particulier à Carthage et Septum, et les Berbères. L’Exarchat de Carthage est une province excentrée de l’Empire byzantin.

Au début de la conquête musulmane du Maghreb, l’unité politique et administrative de l’Afrique du Nord orientale et centrale (les Aurès, l’est de l’Algérie) est en grande partie réalisée par Koceïla. Ce chef berbère, prend la tête de la résistance, de 680 à 688. Il s’oppose aux armées arabes, particulièrement au général Oqba Ibn Nafi, qu’il prend en embuscade et exécute à Vescera en 6837, et expulse les Omeyyades de Kairouan qu’il capture. Il gouverne alors une grande partie du Maghreb. Mais cela dure peu, il meurt en 688, près de Timgad, lors de bataille de Mamma, face aux renforts du calife dirigés par Zuhair ibn Qais.

À Constantinople, Constantin IV (668-685) succède Justinien II (685-695, puis 705-711). À Damas, les califes se succèdent, on passe de la branche soufyanide à la branche marwanide : Muʿawiya II (683-684), Marwān Ier (684-685), ʿAbd Al-Malik (685-705). Le gouverneur de l’Ifriqiya est désormais Hassan Ibn Numan, au moins de 692 à sa mort, vers 700.

Origines d’El Kahina

L’historien Ibn Khaldoun indique qu’elle est née dans la tribu Zénète Djeraoua, au début du viie siècle, qui habitait les Aurès. Une autre hypothèse, soutenue par Émile-Félix Gautier, Charles-André Julien, ou Mohamed Talbi, est que Kahina était d’ascendance métissée, byzantine, et berbère.

Conflit

Kahina succède à Koceïla comme chef de guerre des tribus berbères vers 690, contre les armées Omeyyades.

Hassan Ibn Numan a quitté l’Égypte, et a capturé Carthage en 698, et d’autres villes (voir la conquête musulmane du Maghreb). Cherchant a éliminer tout ennemi potentiel, on lui a dit que le monarque le plus puissant de l’Ifriqiya était la « reine des Berbères » (en arabe : malikat al-barbar), Dihya. Il est donc allé en Numidie.

Les armées berbères et arabes se sont rencontrées près d’une rivière dans le nord de l’Aurès, en Algérie. Dans la vallée déserte et asséchée, Dihya dissimule son armée pendant la nuit, en partie dans la montagne, en partie derrière, sa cavalerie et ses troupeaux de chameaux, pour prendre en embuscade les troupes d’Hassan. Lorsque les Arabes attaquent, ils sont accueillis par une pluie de flèches tirées entre les jambes des chameaux des Berbères. Une fois les Arabes battus, les berbères les poursuivent jusqu’à Gabès. Cette prestigieuse victoire appelée bataille des chameaux, permet d’expulser les Omeyyades de l’Ifriqyia. Ceux ci se réfugient en Cyrénaïque pendant près de 4 ou 5 années. Les historiens musulmans surnommèrent le lieu de la bataille « Nahr Al Bala » (littéralement, la « rivière des épreuves »). Les Berbères firent un grand nombre de prisonniers, Kahina leur rendit la liberté, à l’exception d’un neveu de Hassan, nommé Khalid ibn Yazid.

Consciente que l’ennemi était trop puissant, et forcé de revenir, Kahina aurait pratiqué la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l’envahisseur de s’approprier les terres, s’aliénant par là une partie de son peuple. Cette politique a eu peu d’impact sur la montagne et les tribus du désert, mais a eu pour effet de perdre le soutien crucial des sédentaires, et des habitants des oasis. Au lieu de décourager les armées arabes, cette décision désespérée a accéléré sa défaite.

Pendant quelques années, elle a gouverné un état berbère indépendant, des montagnes de l’Aurès, aux oasis de Gadamès (695-700/703). Les chroniqueurs arabes sont absent sur la manière dont Kahina gouverne son territoire ; mais il semble, qu’à I’instar de Koceïla, elle ne mène aucune représailles contre les musulmans.

Cinq ans plus tard, Hassan Ibn Numan revint à l’assaut avec des renforts du calife Abd Al-Malik qui lui accorde plusieurs milliers de guerriers avec pour but de reconquérir l’Ifriqiya. Il commença par soumettre Gafsa, Gabès, et le Nefzaoua.

La mort d’El Kahina :

Kahina s’engage une dernière fois face aux Omeyyades à Tabarqa.

Ibn Khadoun décrit le combat comme particulièrement âpre, et indique que les musulmans bénéficièrent « d’une intervention spéciale de Dieu ». Finalement, son armée est vaincue par celle de l’émir Moussa Ibn Noçaïr, elle parvient a s’échapper, mais a finalement été tuée dans les montagnes des Aurès, près du lieu dès lors appelé Bîr al-Kahina. La défaite de ses troupes est en parti due à la trahison de Yazid, jeune captif arabe que Kahina avait épargné à la bataille de l’oued Nini, celui ci aurait tenu une correspondance secrète avec Hassan Ibn Numan pour le tenir au courant des mouvement des troupes berbères.

Selon les sources, elle serait soit morte au combat, l’épée en main, soit par suicide, en avalant du poison, plutôt que d’être capturé par l’ennemi. D’après Ibn Khaldoun, Kahina est capturée et décapitée, et sa tête est envoyée au calife Abd al-Malik, toutefois cela est très probablement une invention de commentateurs arabes. Cet événement s’est produit dans les années 690 ou 700 : l’année 703 est souvent retenue.

Après cette victoire, Hassan est retourné à Kairouan. Il est allé de l’avant et a capturé Carthage, qui avait été réoccupée par les byzantins en 697 à la suite de la retraite arabe en Cyrénaïque. Après avoir atténué la révolte berbère et expulsé les byzantins de la côte, Hassan offrit au reste des berbères des termes de paix, et 12 000 d’entre eux ont été recrutés dans l’armée arabe.

D’après les historiens musulmans, prévoyant la déroute de son armée, Kahina aurait envoyé au préalable ses deux fils à l’armée arabe. Ceux ci se sont convertis à l’islam, et ont obtenu un commandement dans l’armée arabe. Toutefois, l’historien Al-Waqidi indique qu’ils sont morts avec leur mère.

Source : wikipedia.org

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